Le Parti socialiste n’est plus à un paradoxe près. L’assemblée générale de présentation des motions en vue du congrès de Reims devant un millier de militants de la fédération de Paris, mardi 7octobre à la Mutualité, aurait dû consacrer la suprématie du maire de Paris sur son propre terrain mais c’est Benoît Hamon, premier signataire avec Henri Emmanuelli de la motion dite «de la gauche du PS» qui a réveillé une réunion plutôt morne. Vainqueur à l’applaudimètre grâce surtout aux «jeunes socialistes» venus en masse, le député européen a été le seul à revendiquer un changement radical d’orientation du PS, face à une crise financière, a-t-il reconnu, «que nous n’avions pas prévu aussi brutale ni aussi violente».
«Le 17novembre au matin [soit au lendemain du congrès de Reims] quelque chose aura-t-il changé au PS ou aurons-nous une impression de déjà vu et de déjà entendu?» a interrogé M.Hamon. Pour faire face à «un authentique renversement de cycle» l’ex cofondateur du Nouveau parti socialiste (NPS) préconise «un nouveau réalisme de gauche» et propose la constitution «d’un pôle financier public et européen». Les applaudissements ont nettement débordé les rangs des jeunes du MJS lorsqu’il a dénoncé, à propos du plan Paulson voté par le Congrès américain pour voler au secours des banques, «une forme de socialisation des pertes, une grande loi d’amnistie et la possibilité, pour ceux qui vont en bénéficier, de recommencer comme avant».
Contre-pied
Bertrand Delanoë a de bonnes chances d’être majoritaire dans la capitale, lors du vote des militants sur les motions, le 6 novembre. Dix-huit des vingt-six secrétaires de section de la capitale ont signé sa motion et le ralliement de Pierre Moscovici a convaincu la quasi totalité des strauss-kahniens parisiens de le rejoindre. Reste que le maire de Paris qui, il y a quelques mois, se revendiquait «socialiste et libéral» paraît pris à contre-pied par la nouvelle donne internationale. «La crise du capitalisme financier nous rappelle la pertinence du socialisme, s’est-il borné à déclarer, mardi, à la Mutualité. Elle nous rappelle que nous sommes internationalistes et que c’est le moment où jamais d’être Européens, d’imposer de la régulation et des règles». M.Delanoë s’est ensuite replié sur les thèmes bien balisés grâce auxquels il espère creuser l’écart avec sa principale concurrente Ségolène Royal: les alliances (avec le centre et l’extrême-gauche) et l’organisation du parti.
Vincent Peillon, qui s’exprimait au nom de l’ex-candidate à l’élection présidentielle, n’a pas non plus abordé de front la crise internationale et les moyens d’y faire face. Le seul débat qui vaille a déclaré le député européen, est celui «de la doctrine, du projet et des idées». Il en a fixé les trois orientations «majeures» à ses yeux: «une stratégie économique de croissance avec un nouveau modèle de développement», «une réorientation de la construction européenne» et «une refondation républicaine». Enfin, la première vice-présidente de la région Ile-de-France, Marie-Pierre de la Gontrie, au nom de la motion de Martine Aubry, a rejeté «toute idée d’union nationale». «Ce moment de rupture majeure peut être le moment des socialistes» a-t-elle ajouté en précisant: «si nous sommes capables de le capter». C’est effectivement une bonne définition du défi que le PS doit relever.
Christine Garin