Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 19:50

Frédéric Durand - Jeudi, 21 Août, 2014

Les déclarations de François Hollande ne sont pas de nature à ressouder une gauche déjà très critique à l’égard de l’exécutif. Beaucoup pointent l’urgence de trouver des issues progressistes à la crise.

gauche.jpgAvec ces nouvelles déclarations, François Hollande vient-il de sectionner les derniers fils ténus qui le reliaient encore à cette majorité de gauche qui l’a fait élire en 2012 ? Est-il désormais devenu «le président de personne», comme le qualifie amèrement son ancienne ministre écologiste au Logement, Cécile Duflot, dans un livre au titre dépourvu d’ambiguïté Voyage au pays de la désillusion.

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste : «Il ne me convainc pas.»

S’ils sont légion, les mécontentements ne sont pas circonscrits aux partenaires traditionnels du Parti socialiste. Intra-muros, l’agitation gagne du terrain. La fronde déclenchée par les parlementaires socialistes à l’automne ne faiblit pas. S’agissant des mises en garde de François Hollande, Laurent Baumel s’insurge: «Je suis stupéfait par le fait qu’il invite les socialistes à comprendre et dépasser la défaite municipale alors qu’il en est le principal responsable et n’en a tiré lui aucune leçon.» L’animateur de la Gauche populaire, avec une centaine d’autres députés socialistes, avait adressé une lettre à Manuel Valls peu après son intronisation pour lui demander de changer de ligne économique. «Il ne me convainc pas», a immédiatement réagi de son côté Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste et infatigable militante du rassemblement à gauche. Elle ne se contentera pas des états-généraux promis par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, mais exige «un congrès pour redéfinir les orientations politiques du gouvernement». Si elle voit d’un bon œil les mesures sur la relance de l’apprentissage et sur la transition énergétique, «nous sommes toujours dans les mêmes désaccords», s’empresse de préciser l’élue qui défend une politique de la relance par l’augmentation du pouvoir d’achat, des investissements publics, des aides ciblées pour les entreprises du secteur industriel ou encore une remise en cause des politiques d’austérité européennes. «J’espérais que le président de la République ferait des propositions de rencontres aux leaders des différents partis qui ont contribué à son élection…», regrette-t-elle. Las, la décision de maintenir un cap qui enfonce le pays dans la crise semble n’appartenir qu’à une poignée de personnes, voire à François Hollande uniquement. «Alors que les résultats ne sont pas bons, que beaucoup s’interrogent, on ne peut pas répondre uniquement par “circulez, y a rien à voir” et “rassemblez-vous, sinon on va perdre en 2017”», tacle le député européen Emmanuel Maurel qui déplore que l’exécutif ne prenne «pas en compte un certain nombre de messages de la majorité et de son électorat». Même son de cloche du côté du député «frondeur» de Paris, Pascal Cherki : «Est-ce qu’il arrivera à rassembler toute la gauche au-delà du PS en prenant des mesures que même Nicolas Sarkozy n’a pas prises ?», feint-il de questionner. Il n’y a guère que Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, pour se réjouir des annonces faites par le président de la République : «Le ton de l’interview présidentielle tout autant que le fond nous semble le bon. Réaffirmant le cap tout en modulant le rythme, le président propose aux Français de persévérer et de se rassembler. La nouvelle phase commence : relance européenne face au risque de 
déflation, et investissement en France : logement, éducation, impôts, collectivités, entreprises. Ainsi que modernisation 
des institutions et des professions 
réglementées», affirme-t-il dans un communiqué. Pour le Nouveau Parti anticapitaliste «la politique de Hollande-Valls ne donne aucun des résultats qu’ils avaient annoncés... mais il est hors de question pour eux de changer de cap. (...) Aux cadeaux au patronat et aux miettes pour les plus pauvres, il y ajoute le mépris pour tous ceux qui critiquent sa politique.» «Tous les moteurs de la croissance sont à l’arrêt, la politique du gouvernement est en échec sur toute la ligne. Et, au moment même où le président annonce un plan en faveur des entreprises – 40 milliards d’euros jusqu’à 2017 –, ce que même la droite n’avait pas osé faire, le patronat répond par un bras d’honneur ! La France bat tous les records de distribution des dividendes à ses actionnaires», déplore le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles. Selon lui, l’urgence est à trouver des solutions de sortie de crise : «Celles et ceux qui font ce constat doivent passer de la simple prise de position à l’action», tranche-t-il. «Nous sommes très nombreux, mais nous ne devons pas rester dans nos cases respectives, il faut le plus rapidement possible créer les conditions du rassemblement, organiser la discussion et passer à l’action.» Le responsable communiste souhaite dépasser les éventuels désaccords internes à la gauche qui pourraient s’avérer paralysant : «Inutile d’être d’accord sur tout pour actionner trois ou quatre leviers essentiels qui redonnent de l’espoir et redressent le pays !»

Partager cet article
Repost0

commentaires