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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 18:34

Par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli - 12 mai 2012

Bastille 6 mai

Dimanche, nous avons chanté la victoire attendue depuis tant d’années, chanté une victoire espérée par nombre de nos concitoyens. Après cinq années de reculs sociaux et de remise en cause des valeurs de solidarité qui fondent la République, la France respire. L’élection de François Hollande à la Présidence de la République s’apparente à un immense bol d’air collectif.

C’est ce que nous avons entendu à La Bastille, dans la bouche de ces milliers de jeunes, de toutes les couleurs de la République, qui sont venus exprimer leur joie d’avoir réussi, par leurs suffrages, à changer le cours des choses. Le soulagement est depuis palpable, partout. Dans les yeux de celles et ceux que nous croisons dans la rue. Dans les échanges que nous avons dans le porte à porte qui a repris en vue des législatives. Dans les félicitations des salariés que nous rencontrons dans nos déplacements. Toutes celles et ceux qui ont payé au plein tarif le prix d’une crise dans laquelle ils n’ont aucune responsabilité attendent maintenant le changement.

C’est d’ailleurs bien plus que le seul soulagement d’avoir délogé Nicolas Sarkozy de l’Elysée qui s’exprime. Chacune, et chacun espère que François Hollande prendra des mesures pour changer leur situation. Toutes et tous se réjouissent de voir qu’un bulletin de vote a le pouvoir de décider.

Effacer 5 ans de Sarkozysme prendra du temps

hamon-bureauCette campagne, notamment celle de l’entre deux tours, laissera des traces. La plus visible est celle de l’ampleur prise par le vote Front National dans notre pays. Son explication est multiple : critique des élites, peur de la mondialisation libérale, crainte de perdre son emploi… Mais dans un certain nombre de régions, ce vote reflète aussi une montée inquiétante du repli sur soi, de la peur de l’autre : une montée de la xénophobie et du racisme. Nicolas Sarkozy porte la responsabilité de cet état des lieux de notre pays. Pendant 5 ans, il a affaiblit les protections sociales tout en montant parfois les Français les uns contre les autres, parfois les Français contre les étrangers.

La campagne présidentielle aura agi sur les consciences. En dégradant le vivre ensemble, en stigmatisant des parties de la population, en expliquant à demi-mot que la République ne pouvait accueillir tout le monde. Nicolas Sarkozy a fait monter les peurs et augmenté l’intolérance faisant par là même céder des gardes fous entre l’extrême droite et la droite républicaine.Le résultat en est un électorat de la droite traditionnelle durablement radicalisé, épousant sans complexe des thèses xénophobes.

La gauche devra réparer les dégâts laissés par le Président sortant. Nous allons devoir recoudre le lien social, re-créer une volonté commune à toutes et tous de construire ensemble un pays dans lequel chacun ait sa place.

Le changement, c’est maintenant !

La situation économique et financière de notre pays est difficile : nous le savons. Comment l’oublier : quelques minutes après l’annonce des résultats, les commentateurs « autorisés » nous rappelaient sur tous les plateaux de télévision que la tâche de François Hollande serait ardue et qu’il ne pourrait pas tout faire, tout de suite.

Certes, la situation des finances publiques est délicate. Néanmoins le rôle du politique consiste aussi dans la transformation de l’existant. Etre socialiste, c’est permettre que la souveraineté du peuple s’exerce, c’est faire en sorte que les citoyennes et citoyens décident de leur destin commun.

Notre candidat désormais Président le sait : il a fait campagne sur la nécessité de remettre le monde de la finance à sa place. Redonner le primat au politique, c’est la garantie que les décisions soient prises en fonction de l’intérêt général et pas des intérêts de quelques privilégiés : ceux là même qui ont déclenché la crise et tentent par tous les moyens d’en tirer aujourd’hui des bénéfices.

Un rapport de force inédit pour la gauche !

225px-Emmanuelli.jpgL’élection de dimanche crée une situation politique nouvelle. Elle instaure un rapport de force inédit pour la gauche. Le suffrage universel a décidé qu’il fallait tourner la page de l’austérité et des inégalités pour construire un autre chemin : celui de la croissance et d’une autre répartition des richesses. François Hollande incarne ce rapport de force. Notre tâche va être de s’appuyer sur cette donne nouvelle pour réorienter l’Europe et remettre en France la question sociale au cœur des politiques publiques.

Le premier rendez-vous de la gauche est à Bruxelles : fort des millions de voix qui se sont portées sur sa candidature, François Hollande a engagé le rapport de force pour renégocier le traité Merkel-Sarkozy. Nous devons faire sortir de ce texte ce qui grave l’austérité dans le marbre pour permettre une nouvelle orientation de la construction européenne. Le deuxième rendez-vous est le sommet social : il s’agira de rediscuter de la réforme des retraites imposée par la droite et de garantir des droits pour les salariés. La question des salaires occupera une place centrale dans ce sommet. C’est par l’augmentation des salaires, notamment du SMIC, que nous pourrons agir pour la croissance et pour une autre répartition des richesses créées dans notre pays.

Puis, très vite, il faudra, sur tous les dossiers, tenir les engagements de la campagne et répondre aux aspirations qui s’expriment : accès aux soins, développement durable, égalité femmes – hommes, réforme de la justice, égalité territoriale…

Le rapport de force qui s’engage lors des législatives, doit permettre au Parlement d’être offensif sur l’ensemble de ces sujets.

La tâche est immense. Mais l’espoir soulevé aussi. La force du vote de dimanche dernier doit nous permettre d’y répondre.

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