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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 14:26

Vidéo. Marie-Noëlle Lienemann a répondu aux questions de Béatrice Houchard.

Marie-Noëlle Lienemann (PS) : « Je crois peu au... par Lopinionfr

Les faits - Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, était l'invitée de Béatrice Houchard sur le plateau de l'Opinion.

Elle s'est notamment exprimée sur l'attentat à Charlie Hebdo, et sur la polémique autour du rassemblement prévu ce dimanche : « Je crois peu à ce concept [d'union nationale] ; je pense qu'il faut que les Français se rassemblent face à l'adversité. C'est la volonté d'un peuple de dire qu'on ne laissera pas dicter par d'autres le destin qu'on veut construire ensemble et les valeurs qu'on partage » et donc en conséquence : « Je ne défile jamais avec le Front National ».

Elle est également revenue sur la nécessité de mettre en place des actions à échelle internationale pour lutter contre la montée du djihadisme.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 14:14
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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 20:38

je_suis_Charlie.jpg

Aujourd'hui, à la mi-journée, en plein cœur de Paris, les locaux de Charlie Hebdo ont été victimes d'une attaque terroriste perpétrée à l'arme de guerre.

À l'heure qu'il est, le procureur de la République fait état de douze morts, des membres de la rédaction de l'hebdomadaire satirique et deux policiers morts dans l'exercice de leurs fonctions, et quatre blessés très graves. Le bilan peut encore s'alourdir.

En s'attaquant à Charlie, c'est la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de conscience, la République, qu'ont voulu assassiné les terroristes ! En visant Charlie, ce sont aussi des figures de la gauche intellectuelle, sociale, critique, atypique, un brin « libertaire » et « paillarde », que les assassins ont ciblé ; c'est une part de nous-mêmes qu'ils ont voulu tuer, car ils ont accompagné nombre d'entre nous dans notre adolescence et à l'âge adulte.

« Nous avons tué Charlie Hebdo » ont-ils hurlé… nous devons leur donner tort ; et nous devons, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent, apporter notre soutien total pour que ce journal continue de vivre et de porter avec indépendance et irrévérence sa légendaire liberté de parole. Charlie Hebdo a été touché au cœur et va affronter, au-delà de la peine immense de ce jour, de longs moments difficiles.

Nous devons continuer à vivre, le peuple, la société française ne doit pas céder à la paranoïa et au repli, mais démontrer la force au quotidien de la République française et de ses valeurs démocratiques et sociales.

Je voudrais ici citer les mots très justes de notre camarade parlementaire valdoisien, Gérard Sebaoun : « La République ne doit jamais rien céder à la terreur d'où qu'elle vienne. Unis sur nos valeurs, nous allons faire face ensemble sans nous laisser déborder par la panique et les réactions irrationnelles, malgré la tristesse et la colère.
Le danger d'attentats est permanent, la France est exposée mais nous avons le devoir de continuer à vivre debout en hommes libres, en démocrates et en citoyens.
J'ajoute que notre vigilance ne doit pas céder un pouce de terrain à ceux qui tenteraient d'instrumentaliser ces assassinats pour nourrir l'islamophobie.
 »

L'attentat d'aujourd'hui ne doit évidemment pas effacer ou éteindre les débats qui nous animent, les questions qui sont posées au pays pour sortir de la crise qu'il traverse depuis trop longtemps.

Mais ce soir, nous sommes aux côtés de Cabu, de Charb, de Tignous, de Georges Wolinski, de Philippe Honoré et de Bernard Maris, dans le recueillement et la détermination ; nous pensons à leurs familles, leurs amis et leurs collègues, qui traversent une épreuve inimaginable. Ce soir, nous avons de la peine et nous sommes emplis d'émotion. Nous sommes avec tous les véritables républicains rassemblés sur les places de France pour refuser l'innommable, pour rejeter les amalgames et réaffirmer l'unité des citoyens français.

Face à la barbarie, nous devons faire front et démontrer aux ennemis de la Liberté que la France – qui a donné au monde tant de ses idéaux démocratiques – dans la réponse qu'elle leur opposera n'abandonnera pas son âme et ses valeurs républicaines. La France doit être et sera à la hauteur hauteur du message universaliste qu'elle porte.

C'est dans cet état d'esprit que nous participerons samedi après-midi à la marche silencieuse à laquelle appellent les partis de gauche français.

Vive la Liberté ! Vive la République !

pour Maintenant la Gauche Val-d'Oise,

Frédéric FARAVEL

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 16:46

Maintenant la Gauche organise mardi 13 janvier à 19h30 dans le XIème arrondissement une réunion publique de mobilisation et d'explication contre le projet de loi Macron qui divise à nouveau la gauche et constitue une grave menace pour notre conception du progrès social.

Vous êtes tous cordialement invités à y participer.

reunion_13-01-2015_Lienemann_Filoche_loi_Macron_Paris.jpg

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 16:40

Pierre Joxe: «Je suis éberlué par cette politique qui va contre notre histoire»

19 DÉCEMBRE 2014 |  PAR EDWY PLENEL ET FRÉDÉRIC BONNAUD

Dans un entretien à Mediapart, Pierre Joxe, plusieurs fois ministre de Mitterrand et grande figure socialiste, n'a pas de mots assez durs pour dénoncer le gouvernement et le projet de loi dit Macron. Il dénonce une entreprise de« déconstruction du droit social », des dispositions « ahurissantes », fait le parallèle avec la fin de la SFIO – « En 1956, on a voté Mendès France, on a eu Guy Mollet » –, et estime que « l’espérance est en danger ».


Pierre Joxe : « La gauche n’a pas été élue pour... par Mediapart

 « Éberlué », « stupéfait », « ahurissant ». Pierre Joxe, animal politique au sang-froid, a rarement usé d'autant d'adjectifs que dans l'entretien qu'il nous a accordé dans le cadre de notre émission « En direct de Mediapart », jeudi 18 décembre. Plusieurs fois ministre de François Mitterrand, ancien président de la Cour des comptes, ancien membre du Conseil constitutionnel (2001 à 2010), Pierre Joxe (ici sa fiche Wikipedia) s'était gardé jusqu'alors d'évaluer en détail la politique conduite par François Hollande et Manuel Valls. Le projet de loi Macron, adopté ce mois-ci en conseil des ministres et dont l'examen doit débuter au Parlement le 26 janvier prochain, l'a visiblement incité à sortir du bois.

«La gauche dans son programme n’a jamais envisagé des réformes du droit du travail du genre de celles qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour (...) Aujourd’hui, on est à contre-emploi de notre histoire. Cette phase éberlue n’importe qui.», dit Pierre Joxe. L'ancien ministre dénonce une entreprise de « déconstruction du droit social », des dispositions« ahurissantes », fait le parallèle avec la fin de la SFIO – «En 1956, on a voté Mendès France, on a eu Guy Mollet » –, et estime que « l’espérance est en danger ».

Quand nous vous avons présenté le thème de cet entretien, « le travail en miettes », vous nous avez dit : « C’est surtout le code du travail qui est en miettes. » Pourquoi ?

Le droit du travail est en miettes car le mouvement qui a lieu en ce moment en France, et pas seulement en France, est un mouvement de déconstruction du droit du travail. Il faut comprendre que le droit du travail est un droit d’exception : c’est un droit qui dit non au code civil, qui dit non au droit du libéralisme, qui dit « non, la liberté n’est pas complète », on ne peut pas embaucher des enfants dans les usines, en 1834, etc. Et c’est un droit qui repose sur une action collective puisque tout le droit du travail a progressé sous la pression de l’action syndicale. En France, les lois progressistes ont toujours suivi les grandes manifestations syndicales. Même le repos hebdomadaire ! Cela a culminé avec le Front populaire, la Libération et, en quelques occasions auxquelles j’ai d’ailleurs participé, par exemple avec les lois Auroux.

Aujourd’hui, on assiste à une déconstruction. Ce n’est pas une démolition, c’est un effritement. Il y a une accélération récente et je pense qu’on va en parler avec cette loi (Macron – ndlr). Elle concerne souvent le droit du travail mais n’associe même pas le ministre du travail ! C’est une situation juridique étrange ! Le droit du travail est un droit qui ne donne pas la priorité au contrat mais qui dit que la loi s’impose au contrat : c’est la loi qui protège car le contrat peut asservir, sauf justement s’il respecte la loi. Or nous assistons à un autre mouvement, un mouvement inverse qui veut rendre au contrat la place qui a justement été conquise par le droit du travail et les mobilisations sociales.

Alors parlons de cette loi Macron, faite par le ministre de l’économie et qui n’associe pas le ministre du travail…

Je vous interromps : on parle d’une loi – loi Aubry, loi Auroux – lorsqu’elle a été votée. Pour le moment, il y a un projet de loi qui s’appelle, imprudemment peut-être...

Vous voulez dire que M. Macron n’est pas encore rentré dans l’histoire ?

Oh si, sûrement, parce qu’il ressemble un peu à Emmanuelli… Tous les deux étaient chez Rothschild, tous les deux sont entrés au gouvernement.

Pourquoi la gauche qui est au pouvoir accompagne-t-elle cette régression ?

Je ne sais pas. Il y a eu des éléments précurseurs. On aurait dû s’alarmer lorsqu’on a lu dans un journal, il y a un an, signé par un certain nombre de députés socialistes, dont Le Guen qui est aujourd’hui ministre des relations avec le Parlement, ce texte que je cite : « Il faudra que Hollande s’attaque à un redoutable tabou national, celui des rigidités d’un code du travail qui est devenu un puissant répulsif de l’emploi. » Qu’une dizaine de députés socialistes puissent signer, un siècle après la création par Clemenceau du premier ministère du travail, un siècle après le premier code du travail, un siècle après la première loi sur le repos hebdomadaire, un texte expliquant que le code du travail est un puissant répulsif, c’est stupéfiant !

Il se trouve que quand Me Parisot était présidente du Medef, elle disait ceci : « Nous préconisons une réforme de la constitution afin de reconnaître le droit à la négociation et de permettre aux représentants des employeurs et des salariés de fixer les modalités des principes fondamentaux du droit du travail, du droit syndical et du droit à la sécurité sociale. »

Donc c'est toujours cette idée qu’il faut retirer au règne de la loi, et aux représentants de la souveraineté nationale, la responsabilité de fixer les règles dans le monde du travail. C’est une idée qui chemine depuis longtemps.

Alors évidemment, elle éclot avec cette nouvelle loi et on est d’autant plus stupéfait qu’on y trouve des choses ahurissantes. Par exemple, la pénalisation de l’entrave. Vous savez que le délit d’entrave, c’est empêcher les délégués syndicaux ou les représentants du personnel de remplir leurs missions. C’est un délit du droit pénal du travail. Eh bien, l’article 85 de ce projet de loi (Macron - ndlr) prévoit que par ordonnances (donc, en évitant le débat public) le gouvernement pourrait réviser la nature et le montant des peines applicables en cas de délit d’entrave. C’est-à-dire qu’on envisage de revoir cela alors que ni la loi d’amnistie de 1981 (celle de Mitterrand), ni la loi d’amnistie de la droite en 1995, ni la loi d’amnistie de 2002, n’a porté atteinte à cette règle un peu mythique mais qui consiste à dire que si un employeur viole la loi et fait entrave, il peut être condamné au pénal…

Moi, je ne comprends pas. Je pense que le débat aura lieu mais là, comme c’est prévu par ordonnances, cela veut dire qu’on veut fuir le débat. Or je pense que ce débat doit être porté très largement.

 

Vous évoquiez d’autres mesures, lesquelles ?

Quand j’étais au Conseil constitutionnel… J’ai beaucoup souffert au Conseil constitutionnel, j’étais très seul, pendant quelque temps il y avait mon ami Colliard (ndlr) et on avait à peu près les mêmes opinions, mais par la suite les conservateurs et les réactionnaires étaient tellement majoritaires que moi j’étais finalement solitaire. J’ai donc vu les saisines de mes amis du groupe socialiste et je vous en ai apporté une, signée Sapin, Ayrault, Hollande, Leroux, Valls, Cambadélis, Bartolone. C’est la décision DC2008568 du Conseil constitutionnel qui attaque une disposition du projet de loi dit de « rénovation de la démocratie sociale » – vous imaginez ce qu’il pouvait y avoir dedans. Mes amis socialistes ont attaqué, à juste titre, en rappelant que « la loi doit déterminer elle-même les principes fondamentaux du droit du travail et encadrer le champ ouvert à la négociation collective ». C’est-à-dire que cette saisine par le groupe socialiste rappelle le principe sacré que c’est la loi qui fixe les principes du droit du travail et qu’on ne doit pas les laisser à la négociation collective, où finalement le patronat est toujours plus fort que les organisations syndicales, sauf dans les grandes périodes de crise type Front populaire ou Libération.

Pierre Joxe lors de notre émission

Donc, ce qui est exactement l’inverse de ce qu’on appelle l’ANI, l’Accord national interprofessionnel…

Oui, l’ANI, c’était l’année dernière. Et donc, sur cette saisine, le Conseil constitutionnel avait dit que les dispositions contestées – c’était à propos des contreparties obligatoires sur les questions du repos dominical et des heures supplémentaires – l’étaient à juste titre et les avait censurées.

Et cela concernait déjà le travail du dimanche.

Oui, et les heures supplémentaires. Donc, c’est absolument ahurissant.

Que pensez-vous du débat sur le travail du dimanche, êtes-vous d’accord avec la tribune de Martine Aubry ?

Alors, je vais peut-être vous étonner, je n’ai pas lu la tribune de Martine Aubry mais je n’ai pas besoin de la lire pour savoir ce qu’elle en pense. Martine Aubry a été l’excellente collaboratrice de Jean Auroux, puis ministre du travail. Comme tous les gens qui ont un peu d’expérience dans ce domaine, elle sait très bien que l’existence du travail du dimanche est nécessaire : il y a les hôpitaux, les transports en commun, la police, etc. Mais le développement du travail du dimanche dans le commerce – et c’est la grande activité dans laquelle il y a aujourd’hui les salariés les plus faibles, les moins qualifiés, les plus remplaçables –, ce développement est exclusivement destiné aux intérêts des groupes de la grande distribution. Je ne dis pas principalement, je dis exclusivement ! Et là je ne comprends pas très bien.

Dans votre livre Soif de justice, vous dites : quand la gauche reviendra au pouvoir il faudra « désarkozyfier ». Aujourd’hui on a plutôt l’impression de marcher sur sa lancée. Quel effet cela fait de se dire que la gauche au pouvoir va plus loin que le président qu’elle a remplacé ?

D’abord ce n’est pas la gauche qui a remplacé un président. Il y a un élu par la gauche qui a remplacé un président élu par la droite. Les conditions dans lesquelles fonctionne le gouvernement actuel sont surprenantes, puisque le PS avait choisi un candidat parmi trois. Il y en avait un seul qui avait eu un résultat très faible dans l’investiture primaire, c’était Manuel Valls avec 5 %. Évidemment, deux ans après, quand il gouverne la France, beaucoup de gens sont surpris…

La gauche dans son programme n’a jamais envisagé des réformes du droit du travail du genre de celles qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour. Il y a donc un problème interne non pas à la gauche ou au PS, mais interne au groupe socialiste. La démocratie libérale n’aime pas le droit social, et la France a progressé dans la voie du droit social avec Jaurès, Clemenceau – qui a créé le ministère du travail et les assurances sociales –, le Front populaire… C’est une construction continue qui va dans le sens d’un progrès. Aujourd’hui, on est à contre-emploi de notre histoire. Cette phase éberlue n’importe qui.

La gauche n’a pas été élue pour faire une politique aussi surprenante qui ne va pas du tout dans le sens de l’histoire de la gauche, et je pense que c’est quelque chose qui va se débattre dans les mois qui viennent.

Vous avez dit : « Nous sommes éberlués. » Est-ce que cela veut dire que vous qui avez été président du groupe socialiste, figure de l’alternance, vous êtes comme nous tous, tétanisés et vous donnez votre langue au chat ? Comment nous donner l’explication de ce qui se passe ?

Je ne suis pas tétanisé, d’ailleurs je suis vacciné contre le tétanos. Je ne donne pas non plus ma langue au chat mais je n’ai pas d’explication sur ce qui se passe en ce moment. Une grande partie des Français ne comprennent pas ce qui se passe. La situation dans laquelle nous nous trouvons est assez comparable à celle du référendum sur l’Europe en 2005. Ce référendum a divisé la gauche. J’étais de ceux qui étaient contre, certains nous ridiculisaient en nous disant que l’on était à contre-courant de l’histoire, mais les Français ont voté non. Ils ont voté non mais personne n’en a tenu compte, particulièrement le parti socialiste.

C’est aujourd’hui une situation qui me fait penser à la guerre d’Algérie. En 1956, les Français ont voté pour Mendès France, c’est-à-dire contre les guerres coloniales. Sauf que ce n’est pas Mendès que Coty a appelé, c’est Guy Mollet, et on a eu l’inverse. La situation actuelle a quelque chose de commun avec ces périodes de balancement.

Je pense qu’il va y avoir une profonde réflexion sur la prise de pouvoir par la gauche socialiste. Nous avons pris le pouvoir en 1981 après une victoire de l’union de la gauche. C’était déjà le pouvoir de ce que Jospin appellera plus tard la gauche plurielle. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir en France ou ailleurs une victoire de la gauche sans qu’il y ait un rassemblement avec toutes les forces de gauche. Je le répète, nous sommes dans une période de réflexion qui commence seulement, en particulier avec ces lois qui sont tellement à contre-courant de l’histoire de notre droit social.

 

Vous êtes toujours membre du parti socialiste, c’est votre famille ?

C’est ma famille. J’ai fondé le parti socialiste, j’ai participé à sa création, c’est même la première fois que j’ai adhéré à un parti. Mais comme beaucoup au parti socialiste, cette famille est devenue un peu théorique.

Que répondez-vous aux gens qui sont très durs en ce moment ? On lit souvent : ce qu’est en train de faire la gauche, la droite n’aurait jamais osé le faire parce qu’elle aurait mis la gauche dans la rue…

Ce n’est pas vrai que la droite n’aurait pas osé le faire, elle l’a fait. Il y a eu la loi Borloo, il y a eu d’autres lois antérieures plus ou moins avancées. Là n’est pas le problème. Le problème, c’est ce qu’il y a devant nous en Europe. Ce mouvement de déconstruction du droit du travail n’est pas particulier à la France : il est beaucoup plus avancé en Angleterre, on ne sait pas ce qu’il va se passer en Italie. Ce qui est devant nous, c’est ce que l’opinion française va faire. Toutes les personnes qui sont dans les tribunaux, devant les juridictions sociales de base, ce ne sont que des gens pauvres ou très pauvres et en plus en situation de faiblesse économique, sociale, culturelle, personnelle…

Et là je pense qu’il y a quand même un certain danger dans la montée du Front national. La problématique qui est devant nous est : comment va évoluer la gauche, l’extrême droite, et comment les uns vont évoluer par rapport aux autres ?

Forcément, l’année 2015 va être celle d’une profonde réflexion à gauche, chez la population française mais aussi chez ceux qui ne sont classés politiquement ni à gauche ni à droite et qui se demandent où on va. La sécurité sociale, le droit du travail, les délégués du personnel, correspondent à des institutions qui ont été cristallisées à la Libération. Or la Libération est une période où la France est optimiste. La France se reconstruit avec espérance, avec un système social qui est aujourd’hui encore là, qui a été élargi par certaines mesures, en particulier Aubry, et abîmé par certaines réformes, mais il est encore là. Le problème qui se pose quand on regarde ce qui se passe en Angleterre ou aux États-Unis c’est, est-ce qu’il sera encore là dans vingt ans ?

Vous avez évoqué la figure de Mendès France. À l’initiative de votre amie Françoise Seligmann, qui est décédée en 2013 le même jour que Stéphane Hessel deux ans plus tôt, vous rendiez hommage à Mendès France dans un numéro de sa revue Après-demain. Je lis ici la conclusion de cet article. « Trente ans après le décès de Mendès France, un demi-siècle avec la mort de la IVe République, on sait de quoi les républiques peuvent être malades, à en mourir quand elles bafouent les libertés et renient le droit. Le souvenir de Mendès France est comme un fantôme qui hante notre histoire contemporaine, le fantôme de la clairvoyance et du courage politique, hélas tous les fantômes ne sont pas des revenants. » Le numéro de cette revue s’appelait « La République est en danger ». Aujourd’hui, pensez-vous que la République est en danger ?

La France a une chance, c’est qu’elle a une tradition historique de lutte politique très forte, ça peut la protéger plus que d’autres pays. Je suis plus inquiet quand je vois certaines tendances en Italie, même en Allemagne. Je ne pense pas que la République soit en danger, ou alors elle est toujours en danger. Ce qui est en danger, c’est l’espérance.

Elle est en danger si on ne s’occupe pas de l’espérance ? Si on ne s’engage pas, si on ne résiste pas ?

Non, c’est l’espérance qui est en danger. Parce que la France est une République sociale. La Constitution dit quoi ? Que la République n’est pas seulement la loi de la majorité, que la majorité ne peut pas opprimer. Elle dit que la République a pour fonction d’élaborer une société où les chances des enfants, où les possibilités des hommes et des femmes tendent vers l’égalité. Ce n’est pas l’égalitarisme, c’est aller vers l’égalité. Et ça, c’est une espérance, c’était l’espérance très forte de la Libération, l’espérance très forte de la Révolution, de 1848, de la Commune de Paris, du Front populaire. Et celle de certains moments de l’histoire, avec Mendès, avec Mitterrand aussi. Et cette espérance-là, il ne faut pas qu’elle meure.

Vous avez écrit ce livre, Soif de justice, au secours des juridictions sociales. Avez-vous été surpris par l'état de grande misère de l’ensemble de ces juridictions sociales, de ce que vous appelez la justice des pauvres ?

C’est vrai que j’ai commencé à faire un reportage sur les juridictions sociales comme je l’avais fait pour les juridictions pour enfants. Comme beaucoup de gens, je ne connaissais pratiquement pas les juridictions sociales, à part les prud’hommes. Les gens ne connaissent pas du tout, par exemple, les tribunaux de Sécurité sociale, etc. Or l’ensemble de ces juridictions, du droit du travail et de la protection sociale, rendent 500 000 décisions par an, 500 000 décisions au fond ! Il y a trois millions de décisions par an dans la justice française, 2 millions pour les affaires civiles, 500 000 dans la justice pénale et 500 000 dans les juridictions sociales. Cela fait 2 000 décisions tous les jours dans ces juridictions largement inconnues. Et elles concernent essentiellement des gens pauvres, très pauvres, précaires ; beaucoup de mères célibataires, des gens à l’abandon. Et ce qui est terrible, c’est que la pauvreté de la justice en général en France est encore accentuée dans ces juridictions sociales qui ne tiennent que par le dévouement de magistrats et d’avocats.

Et en plus avec des délais effrayants le plus souvent…

Oui, des délais incroyables et d’autant plus incroyables que je suis allé visiter ce qui se passe en Belgique, en Suisse, en Allemagne… En Suisse, les conseils des prud’hommes quand ils ont un mois de retard, tout le monde en est malade. En Belgique, il y a ce qu’on appelle le tribunal du travail : il regroupe les prud’hommes, les tribunaux des affaires de sécurité sociale, les tribunaux du contentieux de la capacité. Eh bien, en Belgique, non seulement c’est à l’heure, cela fonctionne, mais en plus ce sont les meilleurs magistrats, ils font les carrières les plus brillantes. Et, en plus, dans ce tribunal, il y a ce qu’on appelle le parquet social, c’est un représentant de l’État…

Donc quand on regarde ce qui se passe en Allemagne depuis un siècle, en Belgique depuis trente ans, en Suisse depuis toujours, on se demande comment la France, qui était tout de même à l’origine le pays où le droit social était en avance, peut avoir une justice sociale aussi en retard. En 2013, l’État a été condamné 17 fois à des dizaines de milliers d’euros pour déni de justice, c’est-à-dire pour ne pas avoir rendu de décision dans les délais. Moi-même, je suis éberlué par ce que j’ai vu, comme je suis éberlué de voir que plus de deux ans après le changement de gouvernement, aucune mesure n’a été prise pour améliorer cela, sauf maintenant une réforme des prud’hommes qui ne me paraît pas de la meilleure inspiration.

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 16:52

PS_Noel.jpgL'année 2014 a été éprouvante pour toute la gauche et tout particulièrement pour les militants du Parti Socialiste qui ont subi deux lourdes défaites électorales tout en constatant l'aggravation du caractère libéral de la politique économique conduite par leur gouvernement, qui avait mené à ces échecs.
Tout le monde a pu constater que sans rassemblement de la gauche, celle-ci ne pourra pas rebondir, car il n'y a pas d'alternative possible en jouant une partie de la gauche contre l'autre. Mais ce rassemblement nécessaire, vital, urgent ne pourra se faire qu'à la condition que l'exécutif et le Parti Socialiste retrouvent le chemin des engagements de la campagne présidentielle et du projet socialiste adopté au printemps 2011.
Oui une alternative à gauche, ici & maintenant, est possible à condition que le redressement du pays s'effectue dans la justice et qu'on ne mène pas une politique qui non seulement divise la gauche et désespère l'électorat socialiste mais ne donne pas de résultats positifs.
Nous souhaitons tous que l'année 2015 soit celle de la prise de conscience et du sursaut. De nombreux rendez-vous attendent les militants : en mars prochain pour les élections départementales ; en juin pour un congrès du PS qui a trop tardé à venir ; en décembre pour les élections régionales. Lors de ces rendez-vous, devront être définis des choix cruciaux qui conditionneront ou non notre capacité à réussir à gauche le quinquennat : il n'est pas encore trop tard pour réorienter notre politique et restaurer la confiance avec le "Peuple de gauche".
Nous espérons que vous avez fait le plein de courage, d'amitiés et chaleur humaine pour les fêtes de fin d'année 2014 : nous en aurons tous besoin, militants socialistes et de gauche, pour affronter avec détermination toute l'année 2015.

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 16:35

article maurelDepuis 2010, Jean-Paul Huchon m’a confié une tâche exaltante : celle de mettre en oeuvre les engagements pris par la gauche francilienne en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. Concrètement, ce sont des dizaines de milliers de jeunes en insertion, de demandeurs d’emploi, de salariés, d’apprentis qui ont bénéficié de l’accompagnement de la Région.

Depuis quatre ans, la majorité régionale a pris des décisions conformes à ses engagements. Nous avons fait ce pourquoi nous avions été élus. Dans un contexte de crise économique et sociale, nous avons fortement soutenu le déploiement des emplois d’avenir et le développement qualitatif de l’apprentissage, en favorisant les premiers niveaux de qualification (CAP, Bac Pro). Nous avons amélioré l’accès à la formation et à la qualification des jeunes et demandeurs d’emplois.

La Région est aujourd’hui renforcée dans ses compétences et voit son périmètre d’action élargi : dès aujourd’hui, le service public régional de la formation professionnelle est une réalité tangible pour les Franciliens.

Élu député européen en mai dernier, j’ai décidé de consacrer davantage de temps à mon mandat parlementaire et de quitter la vice-présidence de la Région.

Je suis fier d’avoir participé, pendant quatre années, à cette action en faveur de l’emploi et de la formation en Ile de France : ce document rend compte, brièvement, du travail accompli.

Bilan-mandat Emmanuel Maurel 2014

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 13:35


Jérôme Guedj aux électeurs : "Ne vous trompez... by FranceInfo

Invité de France Info ce mercredi, le président socialiste du Conseil général de l'Essonne n'a pas l'intention d'aller aux départementales de mars 2015 comme à l'abattoir. Il appelle les électeurs à "faire la part des choses".

 "Je ne vais pas à l'abattoir en courbant l'échine, je ne suis pas résigné. Il y a une petite musique en effet sur la catastrophe annoncée. C'est vrai que sur la table il y a un certain nombre d'éléments très inquiétants et qui me mettent profondément en colère" a déclaré Jérôme Guedj. Le président du Conseil général de l'Essonne veut pouvoir "continuer à agir et à protéger les citoyens dans un contexte de crise".  

Il lance un appel aux électeurs "Ne vous trompez pas de colère les 22 et 29 mars prochain. Vous êtes en colère, moi aussi. Vous n'êtes pas content sur la crise, les difficultés, quelques décisions gouvernementales. Il faut le dire. Mais dans ce contexte-là, qu'est-ce que vous préférez? Des collectivités de gauche qui continuent à agir et à vous protéger ou alors le retour de la droite voire de l'extrême droite". Et il lance une mise en garde "Si la gauche n'est pas rassemblée sur un projet fédérateur de gauche, elle sera balayée.

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 12:18

LE SCAN POLITIQUE - Le collectif «Maintenant la gauche», avec Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et Jérôme Guedj, s'indigne des propos du ministre du Travail qui envisage une réforme du système des retraites complémentaires.

Rebsamen_16-12-2014.jpgFrançois Rebsamen met le feu dans sa famille politique. Le ministre a annoncé que le gouvernement allongerait, si nécessaire, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein. Une déclaration à haut risque sur un sujet sensible à gauche. Avant les questions au gouvernement, sur France 3, il a noté que «la légère augmentation des cotisations que nous avons faite assure aujourd'hui jusqu'à l'horizon 2023-2025 le système des retraites françaises».

Problème? Il a poursuivi en suggérant que «s'il faut progressivement, c'est d'ailleurs prévu dans la loi Ayrault, allonger la durée de cotisation, eh bien nous le ferons puisqu'il est normal que quand l'espérance de vie s'allonge, on allonge proportionnellement les durées de cotisation». «Est-ce que c'est deux ans ? (...) On verra ce que dira le conseil d'orientation des retraites».

Les mots sont lâchés. Dans l'après-midi, l'aile gauche du Parti socialiste n'a pas tardé à s'indigner. Maintenant la gauche y voit une «nouvelle provocation» de François Rebsamen. Le ministre du Travail avait déjà agité Solférino en indiquait il y a plusieurs semaines qu'il fallait renforcer les contrôles sur les chômeurs. «Maintenant La Gauche appelle le gouvernement Valls à fermer immédiatement la porte à de telles propositions», indiquent dans un communiqué Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj.

Valls et Touraine déminent

En fin de journée, l'entourage de Manuel Valls a dû intervenir sur la question pour éviter de semer le trouble plus longtemps. «Il n'est pas question de mettre en chantier, de mettre en route, d'engager une nouvelle réforme des retraites, ou une évolution de la durée de cotisation, ou de quel qu'autre paramètre des retraites que ce soit», a-t-on indiqué à Matignon. Sans toutefois désavouer son ministre, suggérant que «François Rebsamen n'a fait que rappeler la philosophie de la réforme Ayrault».

La ministre des Affaires sociales a aussi fait une mise au point. «Rien d'autre» n'est prévu que la réforme appliquée depuis janvier, a précisé Marisol Touraine. Pour elle, «la situation aujourd'hui est simple: une réforme des retraites a été menée, qui porte ses fruits». «Il n'est en aucun cas envisagé en ce moment, ni même dans la prochaine année ou dans les deux prochaines années d'augmentation de l'âge de départ à la retraite», a également signalé Bruno Le Roux, patron des députés socialistes.

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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 11:44
Manuel Valls a présenté mercredi 11 décembre à l'issue du Conseil des ministres à l'Elysée le projet de loi pour la Croissance et l'Activité porté par le ministre de l'Economie,1. La loi Macron est économiquement inutile voire contreproductive. 2. La loi Macron est socialement destructrice. 
3. La loi Macron : Privatiser, déréguler. Une vision anglo-saxonne de la société qui s’oppose à notre modèle républicain.
 4. La loi Macron : l’économie et la finance sont rois.  De l’économie de marché à la société de marché !
5. La loi Macron : un déni de démocratie.
6. La loi Macron : une loi dogmatique, idéologique d’alignement sur l’Europe libérale.
7. Une autre voie  « pour la croissance et l’activité »

1- La loi Macron est économiquement inutile voire contre-productive. Qui peut croire que la dérégulation des professions juridiques, la création de lignes de cars «  longue distance »,  ou le travail du dimanche, vont relancer la croissance et l’activité en France ? Partout où ces «  remèdes »  ont été mis en œuvre,  la situation n’a fait que se dégrader. Les créations d’emplois annoncées (comme trop souvent) ne sont que de la poudre aux yeux, car la plupart du temps, les éventuelles créations d’un côté ont pour corollaire la suppression de l’autre. D’ailleurs, le conseil d’Etat pointe le manque de sérieux de l’étude d’impact, ce qui, hélas, n’est pas de nature à invalider la loi. Pour autant, cela montre qu’on ne saurait se fier aux promesses mirobolantes  quant aux conséquences de cette loi fort mal nommée « pour la croissance et l’activité » (C’est devenu un art consommé de désormais donner  aux textes  un titre contraire à ces effets réels ; et d’aucun s’étonne du discrédit des politiques !).

Il faut ajouter à cela, que la privatisation des aéroports et de certaines industries vont vite apparaître comme une gabegie comparable à celle des autoroutes.

2- La loi Macron est socialement destructrice. Elle remet en cause le droit du travail  sur des points cruciaux comme le travail du dimanche, le travail de nuit, les conditions de licenciements. Mais aussi le fonctionnement des prud’hommes ou de l’inspection du travail. Elle constitue  une nouvelle étape  qui fragilise les salariés. A chaque fois, à la demande du patronat (MEDEF), les gouvernements parlent d’assouplissements des protections, pour au final précariser de façon redoutable l’emploi et contenir les salaires.

Tout cela, nous dit-on, pour le bien des salariés  et pour la création d’emplois qu’on ne voit  jamais venir. Sans compter que désormais 80% des embauches se font en CDD et que le travail à temps partiel explose en même temps que le nombre de travailleurs pauvres et les dividendes des grandes entreprises.

Le rapport établi par la ville de Paris sur le travail du dimanche  est particulièrement éloquent et contredit la thèse des créations d’emplois promis. Par ailleurs, il refuse  la création de « zones touristiques internationales » ouvertes le dimanche et jusqu’à minuit et demande que dans les zones touristiques actuelles, « tous les salariés aient les mêmes droits quelle que soit la taille de la société qui les emploie ». Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Le projet de loi remet en cause l’examen par l’administration des licenciements économiques de moins de 10 salariés dans les entreprises de plus de 50, ce qui peut entraîner des vagues de petits licenciements collectifs successifs pour éviter l’intervention de l’administration du travail. De même en cas de plan social, les obligations de reclassement qui pèsent sur l’entreprise seraient regardées au niveau des moyens de l’entreprise et plus du groupe auquel l’entreprise appartient.

3- La loi Macron : Privatiser, déréguler. Une vision anglo-saxonne de la société qui s’oppose à notre modèle républicain. 

 Les privatisations des aéroports et des industries de l’armement (GIAT) sont non seulement des choix coûteux à long terme pour le pays, mais mettent aussi en cause la souveraineté nationale et l’esprit de service public. Au-delà, le gouvernement prévoit de vendre du capital public pour 5 à 10 Milliards. C’est quand même un comble qu’au motif d’obtenir des recettes budgétaires à court terme, soit vendu des secteurs stratégiques  gestion d’infra structures ou enjeux industriels) alors même que des sommes bien supérieures sont versées à certaines entreprises avec le CICE et le pacte de responsabilité alors qu’elles n’en ont pas besoin. De plus ces actions rapportent d’importants dividendes qui s’accumulent dans la durée. On sacrifie ainsi des recettes à venir sur l’autel de la réduction immédiate des déficits (alors même qu’on emprunte quasiment pour rien).

De la même façon, la libéralisation des lignes d’autocar sur de longs trajets concurrence directement la SNCF et singulièrement les trains d’équilibre territorial (TET). Une drôle de méthode pour combattre le réchauffement climatique. Et la voie ouverte vers des transports publics à plusieurs vitesses : le car pour les pauvres, le TGV ou la voiture  pour les autres. Il vaudrait mieux  que l’Etat accompagne la SNCF pour assurer une tarification sociale adaptée aux ressources des français. Il eut mieux valu qu’il n’augmente pas le coût des transports publics  en appliquant une hausse de la TVA qui passe à 10%.

On peut s’inquiéter devant les déclarations du président de l’autorité ferroviaire : «  L'autocar va s'attaquer à une population qui ne prenait pas le train parce que ce dernier est peu pratique, trop cher, ou moins confortable. Si l'État ne modernise pas les TET cela risque d'être assez mortifère pour le train. » il ajoute « l'État, qui est le financeur, va-t-il moderniser les TET pour les adapter aux besoins des voyageurs, ou, comme cette activité est déficitaire et répond mal aux besoins des passagers en termes de confort, de halte et de fréquences, va-t-il en réduire le nombre de manière considérable, ce qui n'est pas non plus la bonne réponse ? »

La dérégulation des professions réglementées et la possibilité à des cabinets juridiques d’être détenus par des fonds financiers  internationaux fait progressivement basculer vers un système anglo-saxon avec des lourdes conséquences pour les usagers et citoyens en terme d’indépendance des acteurs du droit, de fiabilité des actes,  de  garanties pour le consommateur et  d’inégalités accrues.

Il faut mieux réglementer, mieux réguler les professions de notaires, d’huissiers, de commissaires- priseurs (révision des barèmes, tarifs, accroitre le nombre d’offices où cela est nécessaire) et non laisser la concurrence  déstabiliser ce qui est un pilier de notre société, à savoir l’exercice du droit. Chacun sait que la garde des sceaux a eu de vifs désaccords avec Emmanuel macron et a perdu tous les arbitrages (c’est désormais l’autorité de la concurrence qui gérera les professions réglementées et plus la chancellerie) et qui pourtant exprimait clairement ce qu’on devrait défendre : «  Je n’ai plus à énoncer ma conviction que le droit n’est pas une marchandise, que ces professions exercent des missions déléguées par la puissance publique, qu’à ce titre elles doivent être encadrées ».

4-      La loi Macron : l’économie et la finance sont rois.  De l’économie de marché à la société de marché !

On savait Bercy puissant, le voilà omnipotent. C’est  le ministre de l’économie qui désormais  fait des lois qui devraient être réalisées soit par le ministère de la justice et la garde des sceaux, soit par le ministère du travail, voire même du ministère des transports. Cette loi fourre-tout  consacre la domination de l’administration de l’économie et des finances sur toutes les autres.  On pourrait pourtant donner  de nombreux exemples où les œillères de Bercy, le refus d’entendre les acteurs qui mettent en œuvre les politiques publiques ont couté cher à la Nation. De surcroit, lorsqu’on connait le va et vient permanent de ceux qui concoctent ces lois avec le monde bancaire, financier et privé, on peut s’interroger sur leur sens de l’intérêt général.

Mais il s’agit aussi d’un choix de société, lourd de sens. Ce que l’Etat et le gouvernement placent aujourd’hui au-dessus tout est l’économie, l’homo-économicus, d’ailleurs réduit au consommateur  solvable. Le pseudo « moins cher tout de suite » prend le pas sur tout le reste et le long terme. Nulle  prise en compte du citoyen dont les droits, les devoirs, l’action s’inscrivent dans un cadre de solidarité et d’intérêt général, d’intérêt national.

Le consommateur prime sur le travailleur, dont on détricote les droits, déstabilise les conditions de vie et familiales, au motif qu’il doit déjà être satisfait d’avoir un emploi et éventuellement quelques compensations salariales  horaires pour compenser des salaires insuffisants et des temps partiel subis.  On retrouve le travailler plus pour gagner plus et la baisse des couts du travail pour accompagner le tout concurrence. Et d’aucuns se plaindront de l’individualisme galopant, de la perte du lien social et du rejet de l’autre devenu un concurrent.

Evidemment tout cela n’a pas commencé avec la loi Macron mais elle ouvre une étape supplémentaire vers  ce basculement de société, alors qu’il faudrait tracer un autre chemin.

5- La loi Macron : un déni de démocratie.  

Déni de la démocratie parlementaire

La gauche a toujours contesté le gouvernement par ordonnance qui court-circuite le parlement, permet à l’exécutif de légiférer  sans l’intervention du peuple. Or là, on atteint des sommets.  Ce ne sont pas moins de 19 ordonnances qui sont prévues et non des moindres.  En général, l’argument donné pour le recours aux ordonnances est l’urgence de la situation. Peut-on nous dire quelle est l’urgence de déréguler les professions de notaires, de commissaires-priseurs et autres mesures de cette loi ?

D’ailleurs, on annonce que ces ordonnances seraient publiées très vite, ce qui tend à dire qu’elles sont quasiment prêtes. Alors pourquoi ne pas les inclure dans la loi et soumettre ces dispositions au Parlement ? La réponse est en fait évidente, parce que le Parlement ne les approuverait pas. Ainsi le gouvernement qui n’a pas pu faire voter au parlement la réforme du droit de l’inspection du travail (pourtant examinée) va la faire passer par ordonnances.

Déni de démocratie sociale

Non seulement cette loi s’assoit sur la démocratie parlementaire mais aussi sur la démocratie sociale, que le gouvernement vante quand ça l’arrange et qu’il foule au pied quand les organisations  syndicales résistent.  Pourquoi prendre des mesures refusées par l’ensemble des organisations syndicales et même s’agissant du travail dominical de l’UPA et de la CGPME ?

Déni de la démocratie territoriale, là aussi à géométrie variable. On donne aux maires l’opportunité de choisir les dates d’ouverture du dimanche sauf dans les nouvelles «  zones touristiques internationales » qui seront décidées par décret ministériel et non sur proposition du maire comme les zones touristiques actuelles. En clair est visée au premier chef la Maire de Paris qui après une analyse fouillée et des concertations approfondies  a confirmé son opposition à l’élargissement des secteurs de travail le dimanche, en particulier pour les grands magasins. M Macron croit mieux savoir qu’Anne Hidalgo ce qui est bon pour le rayonnement touristique de Paris, alors même que la capitale est l’une des premières destinations de voyages au monde, que les touristes- même chinois- y séjournent au moins 4 à 6 Jours et que les tours opérateurs expliquent volontiers qu’ils organisent les visites de musées ou autres activités le dimanche et planifient les autres jours la découverte des grands magasins et boutiques. Heureusement Paris n’est pas qu’un grand hyper marché du luxe !  D’ailleurs le rapport, très fouillé et loin du dogmatisme de M Macron, propose  des « évolutions limitées » et une « extension modérée » de certaines zones touristiques actuelles  « sous réserve d’études d’impact » et d’« un fort consensus local », comme c’est le cas pour les gares.

6- La loi Macron : Une loi dogmatique, idéologique d’alignement sur l’Europe libérale.

Parce que les peuples rechignent à basculer dans la vision ultra libérale de l’Europe actuelle, parce que rien dans les traités n’obligent à privatiser et à vendre les biens nationaux,  parce que pour les instances européennes, le seul modèle qui vaille est la concurrence généralisée, le privé, la compétitivité par la baisse du «  coût » du travail, la protection sociale assurantielle, l’Etat minimal, régalien est éventuellement pompier, les services publics confinés dans l’accompagnement des plus démunis,  les dirigeants actuels de l’UE et la commission européenne, pour imposer leurs point de vue, prennent en otage les pays qui n’atteignent pas les critères de déficits publics, en exigeant d’eux les « réformes  structurelles », sous peine de se voir appliquer des sanctions.

Faute d’avoir renégocié le TSCG, d’avoir créé un rapport de force contre les politiques d’austérité et en faveur d’une stratégie de croissance,  d’avoir annoncé son refus de suivre la feuille de route de réduction des déficits –  d’autant plus que se profile la déflation- François Hollande et le gouvernement prennent un air penaud et contrit de mauvais élève de l’Europe libérale alors que notre pays est contributeur net de l’Union, que nous devrions réfuter  la politique actuelle qui amène  au pire et proposer une autre feuille de route. En lieu et place de cette  stratégie, pour faire taire (combien de temps ?) les critiques bruxelloises, le gouvernement met en œuvre le programme que la fameuse Troïka a imposé aux pays comme la Grèce et le Portugal  et les prétendues réformes structurelles. Tout cela ne marche pas, mais est répété à l’envie qu’il n’y aurait pas d’autres politiques.

On pensait avoir élu François Hollande pour réorienter l’Europe.

Voter contre la loi Macron, c’est refuser cette allégeance et envoyer un message clair : nous refusons de poursuivre dans cette direction dangereuse et  demandons que soit définie une  réelle stratégie de sortie de crise, par le haut.

7- Une autre voie « pour la croissance et l’activité ».

Nous ne cessons de proposer un plan de relance fondé à la fois sur le soutien au pouvoir d’achat, par la hausse des bas salaires, des revenus moyens et modestes, par un plan ambitieux d’investissements  et une action renforcée de la BPI (c’est d’autant plus pertinent que les taux d’intérêt sont historiquement faible), une réforme fiscale conforme à nos engagements et une action déterminée contre l’évasion fiscale, un ciblage et une conditionnalité rigoureuse des aides publiques pour l’industrie, la modernisation de nos outils de production, l’emploi…

Au moment où l’Euro, les prix du pétrole, les taux d’intérêt baissent, il est essentiel  de relancer la croissance intérieure, d’accélérer l’investissement d’avenir, de regagner de la souveraineté économique, d’exporter et de relocaliser en modernisant, bref de redresser le pays dans la justice. L’un n’ira pas sans l’autre.

La loi Macron tourne le dos à ces objectifs, il faut exiger son retrait et sinon voter contre.

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